Poèmes et fragments
Poèmes et fragments
Édition bilingue
Traducteur : Michel Orcel
Notes diverses
Notes diverses
Édition bilingue
Dans l’œuvre intense et brève de Giacomo Leopardi – comme intense et brève fut son existence –, I Canti forment le sommet d’une pyramide dont la base est occupée par le Zibaldone, énorme “chaos écrit” où sont amassés sans ordre les notations, les considérations érudites sur la langue, les réflexions sur la poésie et les développements philosophiques les plus élaborés. De cette réserve d’idées et de sentiments où s’accumulent, accablantes, les preuves de la perte de l’innocence, de l’indifférence de la Nature, de l’inutilité du progrès et du savoir, non moins que celles de la vanité de l’homme et du malheur de sa naissance, Leopardi tirera la matière des Operette morali, qui demeurent un exemple sans équivalent dans l’Italie romantique d’une prose d’idées mêlant à la rigueur métaphysique la turbulence d’une ironie enjouée et perpétuellement inventive. Si la sape des illusions est confiée au discours rationalisé, la poésie, elle, née des profondeurs de la dépossession, aura pour effet de transposer sur le mode lyrique ce que cette conception de la destinée humaine a encore de trop abstrait, de trop rigide ; à peine apparue, elle tentera de réduire en musicalité pure l’écart qui sépare, dans le conte ou l’apologue, la réflexion seconde de la sensibilité immédiate et profane.