Le peintre Claude Garache s‘est éteint le 30 août à Paris dans l’indifférence presque générale du public, des galeries et critiques d’art. Il était pourtant un des grands peintres français de notre temps, exposé par les galeries Maeght et Lelong jusqu’au début des années 2000 et dont les œuvres sont conservées dans les collections du Musée Picasso d’Antibes, du Musée d’Art Moderne de Paris, du MNAM (Centre Pompidou, du Musée Cantini de Marseille, au Musée des Beaux-Arts de Dijon de la Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence et de la Fondation Jean et Suzanne Planque à Aix-en-Provence. Des entretiens passionnants avaient paru chez Hazan en 2010.
Sujet unique, le corps – nu et féminin – est aux yeux du peintre et sous son pinceau aussi riche que la nature tout entière. Ce sont ses propres mots. En effet, cerné par un dessin qui en dit le contour et les formes inépuisables, ce corps vivant, à la fois proche et secret, n’est jamais ni enfermé ni immobile : il respire aussi bien en vertu des directions indiquées par la pose du modèle que par les ombres qui creusent sa surface ou les lumières qui la caressent, comme par les diverses températures qui l’animent du dedans comme du dehors. C’est à la lisière, là où la peau entre en contact avec l’espace tout autour que les frottements se font les plus subtils, à la fois pénétration et évasion, souffle. Chargé de rouge, couleur de l’incarnat, le pinceau court en même temps sur l’épiderme et la toile, à différentes vitesses et porté par différents appuis, selon les besoins, afin de susciter sur le regard cette incertitude splendide entre la figure exprimée et les moyens qui l’ont fait advenir sous nos yeux.
L’œuvre de Garache a été commentée par ses amis poètes de son temps : Jean Starobinski qui lui a consacré une monographie aux éditions Flammarion en 1988, Philippe Jaccottet, Yves Bonnefoy, Jacques Dupin, Alain Madeleine Perdrillat, Pierre-Alain Tâche.
En 2006, La Dogana a publié un ouvrage richement illustré réunissant de nombreuses études sous le titre Garache. Face au modèle.
Avec Philippe Jaccottet à la Fondation Saint-John Perse, Aix-en-Provence,
novembre 2014 (Photo Serge Assier)